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Vingt-quatre vérités de Sélim Gribaâ : Intention meurtrière au cinéma

« 24 vérités » est l’histoire d’un regard qui change un destin. Un regard habitué au cinéma, nourri par ces voix et ces êtres qui racontent des histoires et qui transmettent des émotions.

Sélim Gribaâ vient de lever le rideau sur son nouveau film intitulé « 24 vérités », un thriller psychologique dont les rôles principaux sont campés par Majd Mastoura (Mourad) dans le rôle du psychopathe et Sawssen Maalej (Asma Béji) dans le rôle de la psychanalyste.

Mourad, en se faisant consulter, tente de trouver une explication à son problème : « Il ne ressent rien devant le grand écran». Il s’intéresse par contre aux spectateurs qui regardent les films, car durant un film, dit-il « les masques tombent » et c’est là qu’une sincérité est possible.

Mais le dessein caché de Mourad est autre. Le film bascule en effet, quand la psychanalyste s’aperçoit que Mourad la filmait discrètement dans une salle de cinéma et qu’il poursuivait ses victimes après les avoir répertoriées plongées dans les visionnages. La peur s’installe alors car la dimension meurtrière éclate au grand jour.

Le film prend alors forme et révèle son genre. Un thriller de 19 minutes dans lequel le réalisateur choisit de jouer sur la schizophrénie de son personnage et sur la question de la vérité et du mensonge.

Le personnage principal Mourad avoue sa duplicité en énonçant lui-même cette vision double du cinéma. Si pour Godard, dit-t-il, « le cinéma, c’est 24 fois la vérité par seconde », De Palma considère que « le cinéma, c’est le mensonge 24 fois par seconde ».

Et c’est au creuset de cette dualité du vrai et du faux, que Gribaâ situe son film. Il est, en effet, des visages qui cachent leur jeu, il est des regards qui changent des destins, il est des paroles on ne peut plus trompeuses, il est des invites dont on ne peut soupçonner la dangerosité. Des voies sur lesquelles l’effroi et le crime peuvent prendre naissance.

Entre l’innocence de la psychanalyste Asma Béji et l’intention meurtrière de son patient Mourad, il y a un monde et des chaises. Le destin les a conduits à fréquenter le même cinéma, là où les masques laissent place à l’éclosion des émotions. Les évènements s’enchaînent alors mais tout est tributaire d’un regard, ce regard cinéma sincère qui change la donne, qui met fin à l’emportement violent du patient.

Dans « 24 vérités », le cinéma est le prétexte, la psychopathie est le sujet. Sélim Gribaâ les réunit pour donner lieu à une émotion cousue par les fils de la déviance psychologique, du faux et du sincère, et celle de l’image qui témoigne de la folie.

Chiraz Ben M’rad

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